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« Et tu fais quel style ? » Telle est la sacro sainte question qui ne manque pas d’arriver lorsque l’on dit que l’on fait de la musique. Question somme toute légitime, mais qui peut parfois laisser dans l’embarras. Certes, il y a de grandes lignes, du rap, du rock, de la cumbia, que sais-je, mais on a souvent envie de préciser un petit peu, et souvent c’est là que ça se corse.

Car le premier réflexe est de donner un point de comparaison connu. Ce que ne manque d’ailleurs pas de faire notre interlocuteur quand enfin on décide de lui faire écouter notre production. Et parfois, on tombe des nues. Il n’est pas rare que l’on puisse faire une comparaison avec un artiste que l’on n’écoute peu ou pas, voire que l’on n’aime pas du tout. On m’a par exemple cité une fois Cali, qui n’est pas trop ma tasse de thé, voire Mickey 3 D, qui l’est encore moins. C’est assez surprenant, mais après tout, tout le monde n’a pas le même référentiel musical, et ça peut sembler normal que l’on raccroche une musique à ce que l’on connaît déjà.

Des influences pour les influenceurs

Ce qui peut me laisser dans l’embarras, c’est lorsque lors de la promotion je dois renseigner quelles sont mes influences. Car avec tout ce que j’écoute, aussi bien en nombre qu’en diversité musicale, ça n’est pas forcément facile à déterminer.

Alors évidemment, il y a le cas des chansons que l’on écrit où que l’on réalise « à la manière de », que ça soit pour rendre hommage, ou bien juste par envie.

Ce qui a été le cas pour la chanson Rester dans les clous. Après avoir composé et mis en boîte la musique, je pensais que l’on pouvait en faire une chanson à la manière de Diabologum, en disant le texte plutôt qu’en le chantant.

Je l’ai évoqué dans un précédent post, On s’dispatche les tâches est bien sûr complètement inspiré de Philippe Katherine.

Pour autant, l’un et l’autre ne sont pas forcément mes inspirations principales. Il y a des influences qui nous échappent, et ça n’est pas du tout une phrase  conspirationniste que j’écris là. Je me suis rendu compte il y a peu que le fait d’avoir beaucoup écouté de variété française quand j’étais enfant (soit dans les seventies) avait très certainement façonné une manière de concevoir la chanson,  et qui me pousse quoiqu’il arrive, à écrire mes textes en français.

Le jeu de guitare subit lui aussi des influences, souvent moins cachées, qui colore profondément les compositions. Me concernant, il y a deux guitaristes qui m’ont profondément inspiré, Pete Townshend et Joey Santiago.

Venons en à l’album qui sortira cet automne et dont le premier single Vivre sans moi paraîtra le 24 mai. Il a été composé à la guitare acoustique et au ukulélé. Jusqu’à il y a peu, je ne savais pas trop à quoi le raccrocher même si je n’ai absolument pas inventé un nouveau son. Disons que je ne savais pas dire à qui ça pourrait faire penser. Je me suis rappelé toutefois qu’à l’époque de la composition j’écoutais beaucoup les Innocents. J’étais passé un peu à côté à l’époque où ça passait tout le temps à radio, peut-être justement à cause de ça. Je suis étonné aujourd’hui qu’un tel groupe eut autant de succès. Même si leur mélodie sont accrocheuses, les paroles sont souvent très éthérées, et j’admire le fait qu’ils aient fait un tube  dont le texte est compris par à peu près personne. Je parle de Colore.

En essayant l’autre jour de trouver quelques reprises à faire au ukulélé que je pourrais inclure dans un set, je me suis aperçu qu’une des chansons de l’album (je ne dis pas laquelle, on verra si ça s’entend vraiment) avait de fortes ressemblances avec une que j’avais envie de reprendre. Il s’agit de Beautiful days de Venus, groupe belge sous estimé dont l’album Vertigone a été un de mes disques de chevet au début des années 2000. Pendant trois ans je me demandai pourquoi il avait si évident que je fasse cette suite d’accord, et, bien que les chansons soient très différentes, je suis persuadé que la chanson de Venus à réellement – et inconsciemment – influencé la composition.

Et puis il y a aussi celles et ceux qui influencent par leurs paroles, leur ambiance et qui restent imprégnés dans ma manière de composer même si cela ne s’entend pas, Higelin et Bashung pour les plus probants, PJ Harvey première période dans le plus éloigné.

Au final, je suis presque sûr que ceux qui n’auront pas lu cet article, ne me citeront aucun des noms ci-dessus lorsqu’ils écouteront l’album à l’automne prochain.