Nous sommes donc au mitan de cette décennie qui semble plus prometteuse que la précédente, en dépit de l’émergence énorme de l’IA qui vient alimenter dorénavant les plateformes de streaming, un peu contre leur gré. 2025 confirme néanmoins une tendance lourde : le pouvoir aux autrices compositrices et l’hyperpop, qui vont souvent ensemble. Aussi, beaucoup d’artistes femmes dans ce top toujours aussi subjectif, avec quelques premiers albums, mais aussi beaucoup de confirmations des découvertes de ces dernières années. A la fin de l’article une playlist de la cinquantaine d’albums que j’ai bien aimés.
20 – Rosalia – Lux
Autant le dire tout de suite, cet album ne devait pas figurer dans ce top. Après l’excellentissime Monomania teinté de reggaeton, la première écoute de Lux a créé en moi une frustration quasi infantile. C’est que Rosalia n’y est pas allée de main morte en terme de virage. Retour à un classicisme classieux, où le flamenco de ses premiers albums reparaît en surface, et où le sacré fait foi. Alors, oui, j’étais frustré, mais je savais que c’était un bon album tout de même. Et en le réécoutant, je ne pouvais pas le laisser de côté, même si, j’en suis sûr, il sera souvent dans les 5 premiers albums des autres classements.
19. Micky – Industry plant
Premier album de la révélation franco-coréenne, Industry Plant est un disque brut, intime et drôle, qui répond avec brio aux critiques dont Miki a été la cible. Sa pop décalée et ses textes sans filtre séduisent autant qu’ils surprennent. Icône de la Gen Z, elle n’est a priori pas faite pour séduire des vieux darons de mon genre, et pourtant, il y a ce je ne sais quoi de sincère sur une musique extrêmement produite qui fait mouche
18- Stereolab – Instant Holograms on Metal Film
J’avais oublié que j’aimais bien Stereolab. C’est pourquoi il fallait bien signaler ce retour triomphal du groupe après 15 ans d’absence, avec . Les mélodies envoûtantes, les textes engagés et la production soignée en font un disque essentiel, salué pour son équilibre entre nostalgie et innovation.
17- Squid – Cowards
Coward intensifie la tension déjà palpable dans les précédents travaux de Squid. Leur mélange de krautrock nerveux et de post-punk cérébral atteint ici un parfait degré de maîtrise. L’album joue sur la confrontation entre structure et chaos, entre cri et silence. Et c’est ainsi que le post-punk , avec l’hyperpop, deviennnent, les styles phares de cette décennie étonnante.
16 – Heimat – Iti Eta No
Avec Iti Eta No, Heimat poursuit son exploration linguistique et sonore. Les voix, mi-humaines mi-fantastiques, se mêlent à des textures électroniques et tribales, des . L’ensemble évoque un rituel perdu, un voyage imaginaire aux frontières de la civilisation. Olivier Demeaux et Armelle Oberlé proposent une expérience à la fois archaïque et futuriste – rare et hypnotique.
15 – Caroline – Caroline 2
Peut-être que cet album que quelques initiés lecteurs de Pitchfork et Magic auront écoutés, sera complètement oublié dans dix ans et qu’on le redécouvrira, je l’espère, avec joie. Pour son deuxième album, le collectif londonien pousse plus loin son approche innovante, entre post-rock et musique de chambre contemporaine,, avec des morceaux qui défient les genres et captivent par leur beauté et leur complexité.
14 – Lola Young – I’m Only Fucking Myself
La londonienne Lola Young , avec ce troisième album cru, drôle et profondément honnête, . Sa voix puissante et son écriture sans filtre en font un disque marquant, entre chaos et vulnérabilité. Mais le fait notable, c’est qu’elle redonne ses lettre de noblesse au Pop Rock. C’est à la fois puissant et mélodique, identifiable sans que l’on reconnaisse la source. Bref, franchement ancré dans son époque.
13 – Frankie Cosmos – Different Talking
Le sixième album de la bande de Greta Kline, joue beaucoup dans l’épure. Greta Kline affine ici son écriture minimaliste : quelques accords, peu de mots, mais une sincérité désarmante. Et aussi un son pop comme on les aime, enfin surtout moi, des belles mélodies, et de chouettes guitares. Un album très homogène.
12 – Big Thief – Double Infinity
Premier album en trio, le bassiste ayant quitté le groupe. Néanmoins, Big Thief ne déçoit jamais. La voix d’Adrianne Lenker y est, certes, pour beaucoup. Mais c’est aussi un des rares groupes qui peut rendre la country atmosphérique.
11 – Benjamin Booker – LOWER
Avec Lower, Benjamin Booker, qui revient après 7 ans d’absence, plonge dans les eaux troubles du blues moderne. Sa voix rauque guide des compositions sombres et introspectives, où la guitare devient confession. Assurément âpre, cet album demeure très envoutant.
10. Spill Tab – Angie
Le projet de la franco-coréenne Claire Chicha, Spill Tab, était d’abord un duo. Elle est maintenant seule à la manœuvre, multi-instrumentiste, et autrice compositrice. Ce premier album lorgne franchement vers Billie Eilish, et mêle subtilement indie-pop, jazz, électro et touches psychédéliques. Nul doute que l’on entrendra parler d’elle dans les prochaines années.
9 – Shannon Wright – Reservoir of Love
Shannon Wright est une habituée de mes tops, il n’y a pas beaucoup d’albums d’elles que je n’aime pas. Avec Reservoir of love est un album poignant et introspectif, où Shannon Wright explore le deuil, la résilience et l’amour avec une intensité rare. Il s’y mêle rock brut et douceur mélancolique, un univers unique qu’elle fait perdurer. Un disque qui touche en profondeur, entre rage et tendresse
8 – KCIDY – L’immensité et l’immédiat
Je n’avais jamais entendu parler de Pauline Le Caignec alias KCIDY avant cette année. J’avoue avoir été de suite emballé par le premier morceau, « Maisons vides », autant par les paroles très belles et très simple, que par la voix cristalline de KCIDY et sa musique pop et complexe. Car c’est une vraie prouesse musicale qui se joue derrière pour accompagner des mélodies aussi badasses.
7 – Viagra Boys – viagr aboys
L’incipit du quatrième album des suédois donne le ton. Comment ne pas adhérer instantanément à ce » Okay, Alright » du titre « Man Made of Meat » et dodeliner de la tête en remuant les cheveux (qui chez moi sont virtuels). Viagr aboys n’est surtout pas l’album de la maturité, car ça n’est pas ce que l’on attend d’eux, mais leur postpunk déjanté fait mouche à chaque chanson, et on peut dire que c’est peut-être leur album le plus abouti.
6. The Last Dinner Party – From The Pyre
Après un premier album flamboyant, From The Pyre embrase l’histoire d’un groupe qui refuse la répétition. Plus baroque, plus sombre, cet opus sonne comme un conte gothique raconté au milieu des ruines modernes. Un disque qui confirme leur statut de groupe à suivre, entre grandeur et vulnérabilité
5. Wet Leg – Moisturizer
Depuis sa sortie, j’ai cru que Moisturizer serait le premier de cette liste. Et pour cause, ce deuxième album confirme Wet Leg comme l’un des groupes les plus excitants de la scène indie-rock actuelle. Leur deuxième album, plus mature et varié que leur premier, explore des thèmes d’amour, de vulnérabilité et de rage avec des riffs percutants et des mélodies accrocheuses. Mais la concurrence était dure cette année, et il n’y avait pas de hit incontournable comme « Chaise longue » non plus.
4. Sparks – Mad!
Comment eût pu-t-on penser que les frères Maël, à près de quatre-vingt ans de moyenne d’âge, pouvait encore sortir un album pas seulement intéressant, un des meilleurs depuis Lil Beethoven. Avec Mad!, Sparks prouve une fois de plus sa capacité à se réinventer, en livrant un album à la fois théâtral, satirique et profondément ancré dans l’air du temps. (Et ils sont toujours aussi bons en concert !)
3. The Murder Capital – Blindness
Pour leur troisième album les dublinois affinent leur post-punk, plus introspectif qu’instinctif. Et si parfois, le rythme s’adoucit (surtout après un Moonshot tonitruant), ça n’est jamais pour l’anecdote (comme ça peut-être le cas pour le dernier opus de Bar Italia, par exemple). Ainsi, Blindness est plus coloré que ses prédécesseurs, même si la voix de James Mc Govern oscille toujours entre rage contenue et murmures d’espoir.
2 – Troy Von Balthazar – Aloha Means Goodbye
L’américain installé en France, a réalisé seul dans son home studio un album qui alterne entre douceur acoustique et éclats électriques, avec des mélodies poignantes et des arrangements subtils. Forcément intimiste, épuré, ce septième album est assurément un de ses meilleurs, car il nous emporte instantanément.. Et cette voix si singulière ne peut pas ne pas provoquer quelques frissons, qu’on se le dise.
1. Oklou – Choke enough
Avec Choke enough, Oklou (Marylou Mayniel) signe un premier album audacieux, mêlant pop électronique, polyphonie baroque et ambiances oniriques. L’alliage précisément dosé entre electro savante et folk intimiste réussit à créer des paysages sonores à la fois introspectifs et universels. Rien n’est facile ni compliqué, l’utilisation à petite touches de l’autotune rend la voix de la jeune française apaisée. Meilleur album de l’année ? En tout cas, peut-être le plus significatif, le plus 2025, assurément.